Contre-Rives

Je me suis brûlé dans le poème.
La nuit trop vaste dispersait son essaim de prières.
L’été se refermait dans l’abstinence des soleils.

Muette contre l’oubli, mon âme divaguait de pierre en pierre.
La terre émue glissait sous mes phalanges.
Le temps, dans sa genèse, n’a pas osé de feu plus pur.

L’abolition des chairs dévastait la scène du drame.
Quel mot précipita le ciel depuis la pointe du jour ?
D’un geste lent, le soir a emporté ses rives.

Laissé pour mort face au silence, j’ai écouté sans peine l’oraison des fleuves.
Quelles mains poursuivent le vent quand il se tait dans les feuillages ?
J’ai précédé l’orage d’un pas de sentinelle.

Ô vérité du songe sans mémoire, l’eau brève rend grâce de tes couleurs malades.
Une main sur l’existence, j’ai récité la peau de la splendeur.
Le sang ne dure que l’effusion d’un crépuscule.