Hommage à Paul Claudel

« Me voici attaché à la croix. Mais cette croix flotte sur la mer ! »
(Le Soulier de Satin)


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La conversion délivre l’extase,
Et cette césure, mon Dieu, cette fissure au beau milieu de mon corps
Qui me partage, qui m’éparpille,
Qu’elle est dure et qu’elle fait mal,
Qu’elle est haute et nécessaire.
Il faut rééduquer les yeux aux harmonies du soir.
Il faut déblayer sous la souffrance le ruisseau nu de l’étonnement pur.


Mon être se sépare et cette métamorphose
Est le levain qui gonfle
Est la douceur soudain qui enfle
Comme la joie que le désir susurre,
Comme le bonheur sous l’admonestation des rires.
Mon Dieu, cette mer en moi toujours qui tangue
Et le sacré est tout tendu au bout de ses amarres.


Et cette urgence qui hurle
Il faut en respirer l’encens quand tout nous hante
De l’intérieur jusqu’aux extrémités des ongles.
Car c’est le manque qui soigne
La vérité partout qui flambe,
Comme le feu dans les foins de l’écriture.
Ce qui parle et ce qui passe,
Ce qui traverse d’un trait l’épaisseur des songes
C’est la tendresse au bord du monde.
C’est la beauté à l’apogée du ciel.


Mon Dieu, c’est donc cela l’Amour,
La modulation de l’âme qui chante,
La mortification de l’âme en lutte
La vérité enfin qu’on chante
Car rien ne peut s’atteindre si ce n’est la vie même
Rien ne peut s’apaiser si ce n’est la vie dans le joyau de l’évidence.
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