Supplique

Mon Dieu !

La beauté qui descend par les strates d’une grandeur impossible à saisir
Et la vie est là, simple et nue,
Comme une caresse sur le lait de la peau
Comme une caresse, comme une vague qui redonne vie et courage

Mon Dieu !

Ce doute pourtant qui se lève et m’assaille
A chaque fois que j’ose prononcer ton nom
A chaque fois que mes lèvres balbutient quelques mots de la force entrevue
Car elle fut forte cette lumière
et rien ne pourrait m’enlever le souvenir de sa grâce
Le souvenir de cette clarté devant laquelle le cœur
soudain s’ouvre et cède
La rancœur si serrée si fermée qui s’envole ou saigne
Et l’on se croyait malade et perdu
Alors que c’était l’obscurité partout qui refoulait le soleil
Alors qu’il a suffi de l’incise d’une petite raie
pour que tout se dénoue qui entravait l’espoir
cette colère qui obstruait mon âme et toutes mes forces empêtrées
dans ces membres où l’âge commence
à engourdir jusqu’à la volonté de sourire

Mon Dieu ! Ce doute dans la chambre close

Mais il a suffi de quelques mots à partager
quelques mots à protéger
et sitôt entendus je les ai serrés comme un petit enfant contre mon cœur
Cette lumière-là si chaude sur mon intelligence trop juste pour comprendre
Qui dans sa frayeur fuyait la fièvre qui ne demandait qu’à s’épandre

Mon Dieu ! Le doute pourtant qui ne lâche pas prise
Le doute dans ce corps-là voué à l’éternité de l’espérance
Ce corps-à-terre que j’ai vu arrêté dans sa chute
Quand ta face projetait la lumière d’une totale évidence.

Mon Dieu ! Cette nuit froide
qui partout nous entoure et me glace les veines
Mon Dieu ! Ce lourd poème qui emprunte et traverse la Mer
De si loin qu’il ne peut dépasser l’horizon
Mais ta Volonté flotte libre sur les eaux !
Ta Volonté qui tend sur les vagues
la voile sacrée la voile immaculée de ta toute-puissance.