Jour 7

Encore un jour qui s’efface.
Encore un jour qui se perd.
Promenade hagarde sur le pont déserté.
Mon attention a glissé par-dessus bord.
L’heure n’est plus que silence.

Fatigue de l’eau, du courant, de l’écume.
Fatigue essentielle.


Que confier à cette vague fragile ?
Se tenir à distance des vents qui brassent le monde.
Contempler sans relâche l’immense alentour.
Fixer le soir ébouriffant la mer.
Observer le soleil dévorant sa douleur :
soldant toute espérance, les rouges se délitent peu à peu.

Sortant de sa cabine, l’homme au gros cigare
m’aperçoit et se précipite à ma rencontre.
« Vous êtes encore en train de rêvasser », me lance-t-il, péremptoire.
Mon sourire, mon mutisme l’exaspèrent.
Je dois lui paraître bien étrange, sans doute.
Il hausse les épaules et s’en va, dépité.


Je m’accoude sans forces au bastingage.
Le noyau sublime vient lécher l’horizon,
y répandre en langues folles sa grandeur scarifiée.
L’étendue saigne, l’eau flambe, mon cœur brûle.
Le ciel se tord dans l’éblouissement d’un dernier espoir.

Homme infime,
je peux enfin sangloter
au bonheur de la mer transfigurée.