Jour 32


Trois heures du matin. Insomnie.
Gorge sèche et serrée. Quitter ce lit malade.
Je me rhabille en hâte et sors à la rencontre de l’été.
Tout autour de moi, le monde est noir et refermé,
comme une indignité à laquelle la mer se serait refusée.


Le ciel s’est dépouillé des complications du vent.
Il s’allume sans réticences dans un picotement à fleur de peau.
Mille insectes s’agglutinent dans l’escalade des solitudes.
Murmure de lumière dans la conspiration des beautés.


Rêveries silencieuses.
Je me sens si faible et si lourd.
Je pense au cours de ma pauvre existence.
Je scrute l’océan qui s’égare vers le large.


Soudain la caresse d’une lune déclenche
l’épaule mystérieuse d’une confusion blanche.
Ici, la mer s’est donnée aux dieux,
ici la mer dans une délectation cérémonieuse
s’est jetée contre l’écume des cieux.
Je sens fixées sur moi ses pupilles fabuleuses.


Retour à ma cabine.
Impression de vide et d’abandon.
Une respiration profonde.
Mon cahier qui s’ouvre.

Les pages, les vagues s’embrouillent sous l’afflux de mes larmes.