Comme la mer

Mon Dieu !
Comme la mer, comme l’écume, comme l’enfance,
Comme l’écume qui est la mer qui est l’enfance
Voici que sous le souffle de ton éternité enflent
cette houle qui est le commencement de toute chose
et le sable qui roule dans l’éparpillement de ta blancheur.
Et cette douleur qui me partage
m’arrache les larmes d’une piété filiale.
Oh ! Ce vide en moi qui n’est que le désir de te recevoir !


Comme cette nuit est fatale qui résiste à l’embrasement de la lumière !
Comme cette nuit est glaciale qui résiste à l’embrasement de ta joie !
Mais cette noirceur est pourtant nécessaire
pour que filtre un rai de ta grâce
par l’éclosion des cieux sur le naufrage du soir.


Mon Dieu ! Qu’il est fou d’attendre et d’attendre
quand toute la Mer est déjà folle qui s’ébroue
et que l’on est venu se jeter corps et âme
dans cette masse étourdie
dans cette tendresse qui partout affranchit les rivages.
Et le Soleil sur chaque crête réfléchit l’or
et le rire de ta présence incommensurable.


Que le corps est nécessaire pour qu’exulte l’âme au revers de la chair !
Et l’espérance nous emporte au creux des eaux
Aussitôt que l’écume annonce la terre dans l’oracle des vagues.


Oh immense répétition
Qui récite la grandeur de ton nom au gré des marées
comme l’avènement de l’Amour dans la disette de nos existences.
Et cette force évente l’étendue
quand la beauté grelotte sous les coups de ta gloire
que toute la Mer tressaille d’une liesse imprégnée de ta grâce.


Mon Dieu ! La fièvre encore m’enivre les yeux.
Qu’elle est grande la Mer sous le torrent de ta gloire !
Et que ton œuvre est haute et sauvage !
Que le vin est doux qu’on tire d’une humble vigne !
Que sa robe est rouge dans élargissement de ton œuvre !
Et l’Aube ne s’est pas encore extirpée de la brume,
le Jour n’a pas encore sculpté son diamant de lumière
que déjà l’oiseau chante qui apprête le ciel des atours de l’été.