Jour 5



L’aube lentement se hisse sur la mer attentive.
La lumière déjà balaie les cimes ébouriffées.
Les vagues se fendent en lâchant leurs premières salves.
Les cris narquois des mouettes s’égaillent
dans une joyeuse confusion d’ailes.
Bientôt, le soleil relèvera le monde.
Brûlure du ciel sur le miroir des flots.


Midi qu’aucune brise ne soulage.
Le feu nous pique les yeux, racle les gorges, consume chaque geste.
Les chairs fondent ou cuisent sous l’écrasante torpeur.
L’heure peine à avancer encore.
Pauvreté des peaux, de nos corps envahis de sueur.
Humilité des eaux confondues dans leur pesanteur.
La mer trop vaste pour s’inquiéter de tout cela.


Nuit cristalline.
Se rendre dans l’extase noire.
Rejoindre les larmes d’une confiance intimidée.
Suivre la beauté éclatée aux flancs du paquebot.
Combien de jours encore durera cette traversée ?
L’étendue crépite de mille blessures.


Il est urgent d’accueillir
le premier port que la mer offrira
à nos sens affamés.