Jour 6



Lever dès l’aube.

Cette fois, la mer semble plus fatiguée que moi.
La torpeur a figé l’étendue drapée dans ses silences.
Sa masse insomnieuse me serre le cœur.
Qu’elle est belle, l’irrésolution du ciel à l’heure de s’éveiller.
La splendeur a englué ce continent à la dérive.
Je scrute la promesse qui bientôt agrandira le monde.
Je veux précéder d’une prière la mélancolie du jour.


Piqûres blanches sous l’assommoir de midi.
La mer maintenant qui s’impatiente de bouillir.
Ne plus attendre.
Son corps enflé dans sa virginité couchée.
Le sel ardent aux dards impérieux.
La vérité est longue et sa brûlure si forte.
J’aurais sur le champ aimé une femme
si son intimité me l’avait rendue pareille au chatoiement des flots.


L’horizon respire à grand peine dans le grand souffle du Pacifique.
Le soleil s’est liquéfié dans sa fournaise.
Son bon plaisir s’acharne sur la surface ensanglantée.
Comme deux corps à leur amour,
les vagues s’accrochent à leurs stigmates de lumière.
Noter tout cela avant de mourir.
Ne pas perdre une miette de ce spectacle en majesté.


Bientôt promis aux dieux,
je plongerai nu dans l’océan
comme un pantin
désarticulé.