Jour 17



Mer. Je voudrais me précipiter dans les vagues fendues sous la proue du navire. Elles se séparent et lèchent la coque impavide. Elles s’effacent dans un capiteux sillage blanc. Ma vie s’épuise-t-elle ainsi à force d’attendre, ou est-ce l’éclat des eaux qui consume ma fougue ? Je sens la mer frémir en moi comme l’amante dans l’intimité d’un don abyssal.


La mer en moi. La mer charriée, la mer lovée en moi. Faut-il que j’en proclame l’évidence par ma chair affamée ? Il faut oser se rendre, s’abandonner à l’aisance des vents. Saisir l’instant qui passe dans une étreinte confiante et passionnée.


Les yeux qu’inondent les fièvres impatientes.
Le sel que brassent les rouleaux du naufrage.
Discerner tout cela par les brèches du cœur,
lorsque le noyau brut se fêle,
lorsque saigne à vif l’espérance,
et s’ouvrir tout ému à l’enfance d’une aube balbutiante.


Traquer la mer en soi.
Soulever l’amour en soi.

Convoquer la lumière dans l’orage de toute tragédie.