Et nox facta est



Lentement, le ciel s’inclina, émiettant les grappes de ses étoiles craintives. Elles étaient si nombreuses à pétiller au-dessus de l’océan qu’elles semblaient s’échanger, de proche en proche, leur fierté contagieuse. Alors, une douceur irréelle envahit les quartiers solennels, on entendit comme le clapotis des eaux noires auxquelles un chahut de poussières mêlait sa féerie. A mesure que les yeux s’habituaient à l’obscurité, le ciel vibrait d’un regain de fièvre. Soudain, la voûte surchargée se mit à craquer, les astres en sueur fusionnèrent, tandis qu’une étincelle enfantait la promesse d’une nouvelle existence.

L’œil maintenant enhardi escaladait les indices cosmiques, et la tiédeur qui enveloppait nos corps semblait resserrer les grains d’une monumentale fièvre. Petit à petit, d’autres insectes se succédèrent dans la furieuse ascension des lumières, d’autres encore, en pagaille, essaimèrent dans les strates abasourdies. Si fragile, si ténue, la splendeur vint ébranler l’immensité glacée, ensemençant le néant d’un torrent de vie. Et le ciel entier s’ébrouait, toussait entre deux souffles, puis tout à coup s’épandait dans une houle tavelée de marbrures.

Une pluie lactescente – soudain libérée – déroula les pans d’une toge que les dieux sans doute se prêtent quand leurs querelles se taisent. Alors la femme se laissa glisser dans la nuit, son visage chavira dans l’obscur. Elle se fit fleuve dans l’éther, son corps s’ouvrit démesurément et les étoiles y précipitèrent les derniers soupirs de leur pérégrination enchantée. Le ciel et la terre enfin s’étreignirent, tandis qu’un petit air de bonheur éclatait aux lèvres de la beauté fécondée.