Giacometti


Le corps s’est tellement résigné qu’il ne reste plus que l’âme.
Le corps s’est effacé dans l’émaciation de sa transparence.
Il n’est qu’une flamme de stupeur
un frisson de maigreur.


Et les doigts palpent l’argile.
Et les doigts raclent l’essence.
La douleur s’étire entre ciel et terre.
Le regard est un cri.
Il s’agit de déblayer l’évidence.
Il s’agit d’amener le corps à réciter l’évidence.


Cette calcination
cette droiture
sont la force qui émerge du vide.
Mais cette force est debout.
Elle est un corps debout
réduite à la quintessence
réduite à l’ascèse de la chair
debout !


La lumière glisse
dans l’évanescence des membres.
Et l’humain enfin pointe exténué.
C’est une respiration qui remonte
des premiers indices de l’humilité.
C’est l’infirmité qui travaille
à l’équarrissement de la grandeur.


Sculptée à même la chair,
c’est l’âme même
c’est l’âme même
restituée à sa vertigineuse

nudité.