Parole




Il est des jours où la parole
prend une fulgurance organique.
On lui confie son âme,
on ne fait plus mystère de ses fautes.
L’imposture du corps fait honte.
Les gestes apparaissent comme
les larges blessures du silence.
Les mots
seuls
trouvent la respiration des origines.


Au risque de se perdre,
il faut nommer ou trahir,
prier ou maudire,
consoler ou haïr.
Il n’y a pas de concession possible.
Ni compromis, ni simulacre.
L’héroïsme ou la débâcle.
La révolte ou la démence.


A ce point parvenu,
on se réveille
brisé
pour prendre chair
de son humanité profonde.