Il importe



Il importe que le noir se fasse lentement.
Il importe que la nuit s’installe doucement,
qu’elle apprivoise l’ordre et la rigueur du monde,
qu’elle imprègne la saveur de l’instant.


Il importe que le soir advienne par taches,
qu’il se laisse glisser dans la porosité du rêve.
Il importe que la beauté s’efface complètement,
qu’elle se dissolve dans l’au-delà du noir.


Qu’il n’y ait plus que le silence et la nuit,
le plein et le vide qui l’interroge,
l’être et l’absence qui le prolonge,
comme un regard dans la braise du souvenir.


Il importe que l’espace se borde de solitude,
que la solitude soit pleine comme la lune est pleine
lorsqu’elle a envahi tous les quartiers du ciel.
Il importe que le ciel se décide à la beauté.


Il importe qu’une femme absolue sorte du noir,
que sa douceur aux pieds nus traverse la scène,
qu’elle danse au milieu d’une foule en murmure,
qui n’a d’yeux que pour l’effusion de son âme.


Il importe que la pureté ait un visage,
Il importe que la beauté ait un instant,
Il importe que le jour s’immole en plein ciel,
comme un corps éperdu dans les bras de l’amour.