Les sept soeurs


Sept douleurs invisibles
Sept soeurs amoureuses
Elles ont vingt ans depuis toujours


La première n’est qu’un long regard vide
C’est une bûche tombée en terre de solitude
Elle étranglera ses amants de passage


La deuxième, plus pâle et plus maigre, compte parmi les pierreries
Elle mire sa froideur dans son âme cristalline
Elle piétinera son collier d’émeraudes


La troisième bâille de pudeur à chaque insomnie
Elle traque nos insuffisances sur son corps éreinté
Elle brûlera sa beauté funéraire


La quatrième fut la mieux éduquée
Elle lève un ventre enfant vers le ciel immobile
Elle noiera nos désirs insolubles


La cinquième, la plus douce, s’affale nonchalamment parmi nos balbutiements
Elle enroule nos chagrins dans sa chevelure
Elle raillera nos frayeurs dérisoires


La sixième se sépare lentement de ses chairs
Elle défait le souvenir de ce qui fut notre vie
Elle tranchera le lierre du temps


La septième, l’inconsolée, dans un cri d’impuissance
Elle saccage tout, dévore son sein, enfante père et mère

Elle s’est pendue sous la Lune