Mon pauvre amour

Mon pauvre amour, je sais tout de ton corps.

Je sais les noces blanches,
Les hanches lourdes refoulant l’ombre,
Les yeux montrant l’épave désertée.

Je sais les lèvres écorchées,
Le sang qui s’engloutit dans le duvet des insomnies.
Et la beauté suprême des jeux qui se défendent de tricher.

Je sais les larmes ravalées,
Ta peau si douce à vivre,
Lorsque le ventre, lorsque le buste tanguent,
Lorsque le vent ouvre le ciel encore à naître, encore à prendre.

Mon pauvre amour, je t’ai serrée trop fort.

Je t’ai bercée comme une enfance,
Je t’ai comptée parmi mes preuves,
Je t’ai noyée dans mes vertiges.
A trop me protéger, j’ai refusé de répudier ma solitude.
J’ai sangloté pour t’interdire de me montrer le jour.

Mon pauvre amour, je ne sais rien de ton âme.

Je ne sais rien des pluies fertiles,
De cet aveu qui te déclenche et nous délie.
Je ne sais rien des mots qui brûlent,
Des mots qui glissent comme l’épaule
Contre l’épaule interrompue.

Mon pauvre amour, je ne sais rien de vrai,
Je ne sais rien de grand,
Que ton amour.