Peuple Noir



Peuple Noir, apprends-moi ton chant !

Comme les gestes d’un grand cérémonial, les voix de tes fils consacrent l’offrande du jour. Lentement, une rumeur s’arrache à la terre, s’enfle, monte, et prend racine du ciel. Un monde immense tremble dans ses marées. Saisi de piété, j’écoute. Partout qui se nomme, j’entends le Narrateur de ma Vie. Milles louanges se mêlent aux cris de tes entrailles.

Foyer des rires profonds, poème qui s’érige aux frontières, ton chant premier est levain d’espérance. C’est bien toi qui me sauves, c’est bien toi qui me relèves ! Aux échos des collines, ton vaste devenir s’émerveille. Quelles promesses engagent tes métamorphoses. Si simple et beau, tu es le chœur qui vibre aux vents mêmes du bonheur.


Peuple Noir, apprends-moi ta danse !

Les ondulations de tes femmes, la toge du temps sur leurs flancs retombée. La frénésie de tes hommes, par l’envoûtement d’un pas devenu danse. Passions des formes qui en beauté s’exhaussent, ferveur qui gagne jusqu’au frisson d’aimer. Aux élancements de l’Eternité, l’extase seule est immobile. Et ma pensée se rompt à trop vouloir se contenir.

Un jour, nous le savons, nous rendra au sommeil de la terre. Un jour majeur, solennel et mystique. Un vent se lèvera, plus vrai, plus fort que la mort. Un été viendra, de corps accordés au souffle des aubes. Toute douleur réconfortée. Toute noblesse restituée. Et la danse, la danse toujours dans la consécration du feu. Je vous parle d’un fleuve qui gronde son éblouissement.


Peuple Noir, apprends-moi ta vie !

Sous l’écorce des mondes, naît une joyeuse évidence. Pleine maturité des eaux, une présence grandit qui déjà nous submerge. Les ardeurs débordent les patiences des peaux. Ivre d’amour, j’éclos à ce monumental Présent. A perte de cœur, il se fait chair de la douceur des corps.

Luxe parfait, le silence descend. La nuit se répand qui m’acquitte de mon humanité. Dans son mystère sorcier, le feu vient s’endormir. Peuple que j’aime, nous sommes ce luxe, et cette beauté, et ce mystère. Uns et toujours aux récifs des lumières.

Et les témoins du chant, de la danse, et de la vie.