Bains (8)

Bain.
La liberté flotte totale et nue.
Mélange d’être et de vivre,
de pudeur,
de lenteur,
l’eau recrée les mille saisons de mon corps.

Bonheur sans poids ni âge,
épouse de mes métamorphoses successives,
l’eau est là,
dense, généreuse, gorgée de la plénitude écoulée.

Lavée l’offense des jours et
lavée l’égratignure des fatigues.
Une chaude confusion s’empare de l’âme.

On n’était pas préparé à ce vertige feutré !

Bain.
Des tendresses hésitent sur le corps,
détroussent les membres,
envoûtent ventre et dos.

L’eau interroge ma forme
qu’elle parcourt puis aussitôt
oublie.

L’intime se resserre, confisque le dire, trouve la peau.
Bien-être dans l’eau,
par l’âme qui respire,
par la chair qui mystérieusement est moi.

Moment de quiétude, de pardon, d’adhésion
à l’essence des choses.

Dans le berceau des ondes,
la mort n’a plus d’accrochage.